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16/09/2022

DIEU chemin faisant - Itinéraire de la MISSION DE FRANCE

80ème anniversaire du séminaire de la Mission de France

Il y a 80 ans, sous l’impulsion de l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France et du cardinal Suhard, alors archevêque de Paris, naissait à Lisieux le séminaire de la Mission de France. Son objectif premier était de former des prêtres qui risquent la foi dans un monde alors déchristianisé, aujourd’hui irréligieux.

Les prêtres et diacres de la Mission de France, rejoints en 2002 par des laïcs au sein des équipes de la « Communauté Mission de France », n’ont cessé d’engager l’Évangile dans le dialogue, le travail et l’action commune avec nos contemporains en particulier sur les lignes de fractures qui traversent la société.

Un livre de Roch-Etienne NOTO à l’occasion du 80ème anniversaire de l’ouverture du séminaire de la Mission de France à Lisieux en 1942.

Ce livre qui met en avant la spiritualité de la communauté Mission de France doit permettre de mieux la faire connaitre.

Vous y trouverez un grand nombre de paroles de ses membres, prêtres, diacres et laïcs. Cette parole a été recueillie dans les archives de la Mission de France et la Lettre aux Communautés, revue de réflexion théologique historique de l’institution.

>>Vous pouvez commander en téléchargeant le bon de commande ci-dessous: 

Bon livre 80 ans MdF

Editions SALVATOR 15 euros

15/09/2022

LA DIGNITE, L'INCARNATION ET LA DEMOCRATIE ...

Photo : Bibliothèque et Archives Canada, CCBY20, via Wikimedia commons

On peut hausser les épaules devant le déferlement ininterrompu d’images et de commentaires qui fait suite au décès de la reine Élisabeth II et à sa succession par son fils désormais roi, Charles III. Il y a pourtant là matière à méditer très sérieusement. Cette antique monarchie parlementaire, dont les usages se sont forgés au long des siècles, a strictement séparé deux pôles du pouvoir ; celui de la représentation, de l’incarnation, tenu par un ou une monarque, visible et muet·te, et celui du gouvernement, soumis aux mouvements du temps et de l’opinion et contrôlé démocratiquement. On a vu ainsi cohabiter l’excentrique Boris Johnson avec sa tête de balai O’Cedar, hâbleur et menteur, et la très digne souveraine Élisabeth. Nulle part ailleurs que chez nos voisins anglais ces deux pôles ne sont aussi visiblement et strictement séparés.

On peut oser la comparaison avec la papauté, elle aussi entourée d’un faste suranné. Même si les flabella en plumes d’autruche et la tiare ont disparu, il reste les gardes suisses, qui n’ont rien à envier aux horse-guards. Quant au Vatican, il est largement à la hauteur du palais de Buckingham. Pourtant, l’idée nous vient que les papes, ces dernières décennies, ont perdu quelque chose. Au XIXe siècle, l’essayiste anglais Walter Bagehot écrivait à propos de la monarchie : « Le mystère est sa vie. Nous ne devons pas laisser entrer la lumière du jour sur la magie. »

Pouvons-nous supporter qu’il n’y ait plus aucune magie dans la représentation du pouvoir ? À moins qu’il ne faille à la fois la transparence de la démocratie et la « magie » claire obscure de l’incarnation de l’autorité.

Les papes, depuis cinquante ans, sortent du Vatican et parcourent la terre entière. Ils effacent une part de la « magie » qui les entourait, mais, en contrepartie, il n’y a dans l’Église catholique aucune forme de démocratie. L’administration vaticane est toujours aussi opaque, les synodes toujours aussi verrouillés, et ce n’est pas mieux au niveau local. Les curés, surtout les plus jeunes, se prennent pour des élus de droit divin, espérant tirer à eux un peu de magie.

Bref, il y a peut-être une leçon anglaise à tirer et de subtils équilibres à trouver : l’autorité peut s’incarner et même se célébrer dans des formes solennelles d’autant plus que le pouvoir, lui, est régi par un État de droit réellement démocratique.

Christine PEDOTTIChristine_Pedotti-100x100 (2).jpg

publié le

13/09/2022

CELIBAT DES PRÊTRES, LE CALVAIRE DE L'EGLISE

TC.GIF

LA LETTRE N°3977 DU 8 SEPTEMBRE 2022 "TÉMOIGNAGE CHRETIEN" 

 

Ce soir mardi 13 septembre 2022 sur ARTE à 20h55, regarder le film :

"CELIBAT DES PRETRES, LE CALVAIRE DE L'ÉGLISE" 

Arte propose un long documentaire sur le célibat des clercs dans l’Église catholique. Un de plus sur un blocage que la société française ne comprend pas. Menée en France et en Allemagne, l’enquête donne la parole à de nombreux hommes qui ont quitté le ministère pour suivre leur élan du cœur, avec une femme ou avec un homme. L’un d’entre eux raconte la visite de son évêque, qui a tenté de le raisonner : « Il était très en colère, parlant d’un scandale, et a dit à ma compagne qu’elle irait en enfer. » « Le vrai péché, c’est le péché du mensonge. L’Église institue un péché de mensonge », résume un autre ex-prêtre, sûr que les doubles vies sont une réalité très fréquente.

L’histoire d’un prêtre allemand qui a longtemps cohabité avec un théologien protestant, avant de l’épouser et de devenir pasteur de son Église, apparaît comme une allégorie de l’absurdité de la situation. Le documentaire aborde également longuement les victimes collatérales de l’interdit romain : les compagnes de prêtres et les enfants issus de ces unions clandestines. L’un d’eux, fils d’un prêtre polonais, raconte son parcours pour que la vérité soit dite, contre son géniteur, sa famille et l’institution. Née « de père inconnu », une femme raconte « un parrain qui venait pour les anniversaires. Je savais qui il était, mais je ne pouvais lui donner la main dans la rue. »...

Dans un film composé principalement de récits, les rares experts sollicités, comme la spécialiste d'éthique Marie-Jo THIEL ou la religieuse et sexologue Marie-Paule ROSS, ne mâchent pas leurs mots contre l'institution. Sans surprise, l'enquête est entièrement à charge. Ce qui est regrettable dans un long format, tout comme par exemple l'absence de réflexion sur les aspects pratiques, - comment loger une famille et rémunérer le prêtre en conséquence ? Par contre, on appréciera les dernières minutes, qui avancent quelques ouvertures. Ainsi, on découvre le développement en Afrique d'Églises - catholiques - alternatives animées par des clercs défroqués. Et, en Europe, des diocèses prêts à tout pour faire tourner la boutique intègrent des anciens membres d''Eglises - anglicanes, orthodoxes ou orientales - qui, elles, acceptent un clergé marié.

Patrick NATHAN

18/08/2022

LA PENURIE DE VOCATIONS PRESBYTERALES A CONCENTRE LES RESSOURCES AU SERVICE DES PAROISSES - PERE ARNAUD FAVARD, ANCIEN VICAIRE GENERAL DE LA MISSION DE FRANCE

Père Arnaud Favart, Ancien vicaire général de la Mission de France

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« La pénurie de vocations presbytérales a concentré les ressources au service des paroisses »

« La pénurie de vocations presbytérales a concentré les ressources au service des paroisses »

Pour le père Arnaud Favart, ancien vicaire général de la Mission de France, il n’est guère étonnant que les prêtres soient également touchés par la crise du sens que rencontrent beaucoup de professionnels, dans un contexte de « sécularisation décapante ». Selon lui, il faudrait pouvoir proposer aux prêtres des options plus diverses que le service d’une paroisse. 

La tentation de partir guette un certain nombre de professionnels exposés à des contraintes éprouvantes ou à une dévalorisation blessante. Pourquoi assiste-t-on à une hémorragie dans des métiers jusque-là réputés enviables et riches de sens ? Citons quelques exemples. La tarification à l’acte dans les hôpitaux a imposé aux soignants une forme de performance et de taylorisme aux dépens de la relation avec le patient. Le paysan est devenu producteur pour nourrir une population urbaine nombreuse, quitte à maltraiter durablement la terre et la biodiversité. Pour des impératifs sanitaires et de rentabilité, la restauration collective a privilégié les surgelés aux produits frais, aux dépens du goût. Résultat, le cuisinier s’est mué en réchauffeur de plat avec un taux de gaspillage garanti !

La mondialisation nous a plongés dans un ensemble de transitions, pas seulement climatiques. La perte de sens, le plus souvent invoquée, est rude. On ne voit pas pourquoi les prêtres échapperaient à l’interrogation commune du sens et de la reconnaissance, à laquelle s’ajoutent les effets d’une sécularisation décapante. Encore que, me direz-vous, exercer le sacerdoce n’est pas tout à fait un métier. Par le dévouement que cela suppose, soigner à l’hôpital ou en Ehpad, élever des vaches laitières ou donner à manger ne sont-ils pas une forme de sacerdoce ?

« Je m’en vais »

À la fin de l’Évangile de Jean, on lit cette étonnante déclaration de l’apôtre Pierre : « Je m’en vais pêcher. » La résurrection de Jésus n’ouvrait-elle pas à des desseins plus glorieux qu’une partie de pêche ? La nouvelle pascale ne semble pas avoir été d’une évidence telle que l’existence des disciples en soit subitement et radicalement transformée. Pourquoi Pierre décide-t-il de partir ? Lui qui a été en première ligne pour suivre le maître, pourquoi s’en retourne-t-il à ses affaires, au métier de sa jeunesse ? Par dépit, par sécurité, par incompréhension, par peur de ne pas être à la hauteur de ce que lui demande le Christ ? On ne fera ici aucun procès aux prêtres qui décident de partir par quelque voie que ce soit. Ni même aux évêques, au Vatican ou au Concile censés être responsables de tout. Quand la situation devient intenable, il faut ouvrir des portes et des fenêtres. Ce qui n’empêche pas de chercher à comprendre les ressorts d’une déroute.

Elle peut s’avérer une fuite en arrière, à la manière du cheval qui renonce à sauter l’obstacle des défis contemporains, ou bien s’avérer un changement de cap salutaire. Ce peut donc être une fuite vers un passé idéalisé en pensant que c’était mieux avant. Ce peut être un cri du cœur ou le cri de cœurs qui se sont trouvés. Ce peut être le tragique d’un suicide. Ce peut être la révolte face à une institution qui privilégie son fonctionnement et méconnaît les aspirations personnelles. Ce peut être aussi un renouveau salutaire dans un parcours de vie.

Pénurie

Faute de biodiversité, tout écosystème va à sa perte dès lors qu’il pratique la monoculture. Au cours de l’histoire, l’Église a connu une grande diversité d’exercice du ministère, bien au-delà de sa dimension cultuelle ou de pasteur de communauté. La lettre aux Éphésiens en invoque cinq : apôtre, prophète, évangélisateur, pasteur et catéchète. La pénurie de vocations presbytérales a concentré les ressources au service des paroisses, alors qu’une diversité de charismes et de services rendait des missionnaires, des prophètes à la manière de l’abbé Pierre, des aumôniers, des enseignants et des chercheurs, et même des prêtres-ouvriers, disponibles dans tant de lieux et de milieux.

Pour en revenir au projet de Pierre de s’en retourner à ses poissons, le Ressuscité ne contrarie pas sa sortie. Il le rejoint au lieu de son terrain favori, en l’occurrence la mer. Une fois de plus, le Christ tend la main à l’apôtre en perdition et renoue la relation : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Comme l’a si bien écrit Benoit XVI, « à l’origine du fait chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec une personne qui donne la vie à un nouvel horizon et par là son orientation décisive. » Quoi qu’il en soit des déplacements qui affectent le ministère, la main du Christ reste notre boussole. Elle nous est tendue mystérieusement par des milliers de paumes crucifiées. Pour retrouver la diversité salutaire, il convient de penser le changement dans l’exercice du ministère, pas seulement de changer le pansement.

Arnaud Favart, Prêtre de la Mission de France

 

02/08/2022

DU BON CÔTE - MGR JACQUES GAILLOT

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Du bon côté
 
En allant voir un prisonnier que je rencontre depuis des années, je suis surpris de l’entendre me dire :
« Le pape François est toujours du bon côté. Il est du côté des opprimés, des exclus ».
Puis ce prisonnier, qui est musulman, déclare avec conviction : « C’est le premier pape chrétien ! »
Il faisait certainement allusion à l’homme de Nazareth qui s’était placé du côté des opprimés et non des oppresseurs. 
 
Sur la place de l’Hôtel de ville de Paris, se tient une manifestation de Maliens sans papiers, canalisée par des barrières. Entre les manifestants et la Mairie, un imposant déploiement de policiers comme à l’habitude. Les tam-tams se font entendre de partout. Je me trouve au milieu de ces grands Maliens, quand un inconnu, surgit tout à coup devant moi et m’interroge à brûle-pourpoint :« Et Dieu dans tout ça ? »
J’étends les bras en direction de mes frères Maliens " Il est là "
Vous en êtes sûr ?
Oui, Dieu est toujours du côté des opprimés.
 Alors, s’il est du côté des opprimés, il n’est pas du côté des policiers qui sont de l’autre côté de la barrière ?
Dieu est avec les exclus, mais il n’exclut personne. Il s’ouvre à tous, y compris ici aux policiers. Cependant, il commence toujours par les exclus. "C'est son choix ".
Les Maliens écoutent avec attention, prêts à me venir en aide s’il le faut.
Mais l’inconnu acquiesce de la tête, me tend la main et me dit : « Je suis d’accord avec vous ».
 
Jacques Gaillot
Evêque de Partenia
Paris 2/8/2022

13/07/2022

"HALTE AU FEU !"

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Tribune de Benoist de Sinety 
sur le site Aleteia . fr 

« Halte au feu ! 

Lorsque la mort frappe, surtout lorsqu’elle survient dans la violence du désespoir, il est normal de pleurer, de crier, de chercher à comprendre.
Ce qui ne l’est pas c’est de se heurter à un mur de silence qui s’érige immédiatement comme s’il s’agissait de protéger une institution - dans le cas du P François de Foucauld, l’Eglise - en donnant du coup l’impression forte qu’elle a beaucoup à se reprocher. 
C’est ce réflexe devenu quasi névrotique qu’il serait sans doute bon designer et de nommer: personne n’a ni le devoir ni la mission de sauver l’Eglise. A moins de transformer l’Eglise en secte.
Quelle que soit la hauteur de la mitre, nul ne peut, sain d’esprit, imaginer réparer les dégâts causés par le péché dont des membres du corps se sont rendus complices.
Il n’est plus possible aujourd’hui, et en fait il ne l’a jamais été, de décréter que « tout peut rentrer dans l’ordre » sans évoquer le mécanisme  qui a conduit à la catastrophe, la responsabilité de ceux qui y ont pris part et de demander pardon pour les conséquences que cela a entraîné.
Or ce mécanisme est connu: il découle de la mission même qui est demandée à ceux qui reçoivent une charge pastorale.
Parce qu’on y mêle à la grâce sacramentelle l’exercice de pouvoirs temporels, comme si cela allait de soi, comme si la prière pouvait  à elle seule suffire à garantir la capacité. Quel que soit le degré de cette responsabilité, il est irresponsable de laisser de pauvres hommes seuls face à une attente surhumaine. Où on les conduit au découragement, ou à la toute puissance. 
Ce que l’on reproche à l’Etat : refus des corps intermédiaires, considérer qu’il a, à lui seul, la solution à tout et que la fin justifie les moyens; ne voyons-nous pas que les mêmes maux sont à l’œuvre dans l’Eglise?
Jusqu’à une époque récente la pratique du silence et de l’arrangement était de mise pour les délits et crimes sexuels: on soupirait fort devant l’incapacité du clerc à se contenir et puis on trouvait une solution pour ne pas écorner de trop l’autorité de l’Eglise, qui se devait d’apparaître toujours virginale et pure, comme si Jesus n’aimait que des créatures sans failles et sans défauts…
Et puis nous nous sommes décidés à accepter d’écouter ceux que nous trouvions suspects par principe: psychologues, psychiatres, sociologues, ainsi que les victimes qu’ils essayaient de soutenir. 
L’insistance de ces victimes a d’abord agacée. Les mêmes qui soupiraient devant les pulsions incontrôlées de leurs confrères, s’exaspérèrent de ces cris que rien ne parvenaient à faire taire: ni les appels à la conversion, ni les menaces, ni les discours « raisonnables »…
Et puis il y eut la CIASE. Sans pour autant éviter que quelques quarterons de défenseurs auto-proclamés de l’Institution ne jugent bons de chercher à en discréditer le rapport et les conclusions.
Nous voici désormais avec la question lourde des abus de pouvoirs. Ils sont réels: le nombre de personnes qui évoquent avoir souffert dans leurs paroisses, leurs communautés, leurs diocèses, d’évêques, de prêtres et de responsables est sans doute d’un ordre de grandeur terrifiant. Cela ne veut pas dire que tel ou tel corps soit, en soit, pire qu’un autre mais que l’exercice de la responsabilité doit être repensé, revu et réformé.
Qu’au Moyen Âge, ceux qui avaient la capacité de lire et d’écrire, qui détenaient ainsi les clés du savoir, puissent du même coup exercer dans la communauté humaine une responsabilité forte et sans beaucoup de contre pouvoir peut aisément se comprendre.
Ce qui m’interroge c’est de voir qu’il nous est encore assez naturel à nous, clercs, de penser que cela va aujourd’hui de soi. Que le fait d’avoir reçu l’onction sacerdotale, ou épiscopale, suffit à justifier de prendre toutes sortes de décisions sans que puisse s’exercer un véritable contre pouvoir autre que des conseils qui n’ont rien de coercitifs et où, la plupart du temps, la volonté du chef est appliquée sans sourciller.
Comment éviter alors que celui qui commande ne devienne vite incapable d’entendre et de recevoir une parole autre que la sienne avec, chez certains, les risques d’une vraie dérive morale? C’est ce qu’exprimait le P François de Foucauld dans sa tribune devenue connue de tous en démontrant le processus de mise sur la touche et d’élimination du jeu de celui dont la voix perturbe les règles tacitement admises.
C’est ce qui explique aussi le départ silencieux de bien des baptisés qui n’acceptent pas d’être ainsi infantilisés dans leur vie de foi par des hommes auxquels ils reconnaissent d’autres compétences que celles dont ces-derniers se réclament.
Sans nier l’importance que chacun assume les responsabilités de ses actes ou de ses décisions, il est urgent de crier le « halte au feu ». Car rien ne se réglera dans la recherche de boucs émissaires. 
L’appel à la synodalité est sans doute le moment de mettre à plat un certain nombre de systèmes pervers. Le moment de nous parler comme on le fait en famille, non en laissant la parole à ceux que l’on respecte le plus mais en laissant chacun s’exprimer, fors de la certitude que la parole du plus humble aura au moins l’autorité que l’on reconnaît d’emblée au puissant.
Bien malin qui pourra dire ce qu’il en sortira: l’Esprit seul peut nous guider. Cet Esprit dont il nous est dit que nous ne savons jamais complètement d’où il vient et où il va mais dont nous expérimentons au quotidien qu’il est la seule réponse aux violences de ce monde. A condition toutefois de nous laisser porter par lui sans déterminer d’avance le chemin qu’il doit emprunter. »

Père Benoist de Sinety
Curé de la paroisse St Eubert à Lille
Églises St Maurice, St Étienne et St Sauveur

06/07/2022

MORT DE FRANCOIS DE FOUCAULT - LE CRI D'UN PRETRE

  • La Croix logo 

Le prêtre François de Foucauld a mis fin à ses jours, dimanche 1er juillet. Même si on ne peut jamais comprendre un suicide, ce drame doit nous conduire à regarder en face le profond malaise qui affecte les prêtres de l’Église de France.

François de Foucauld, 51 ans, prêtre au sein du diocèse de Versailles, a mis fin à ses jours. DR

Le suicide d’un prêtre de Versailles, le père François de Foucauld, a profondément affecté la communauté catholique de l’Ouest parisien. Il faut se garder de toute interprétation ou, pire, récupération. Les « raisons » d’un suicide relèvent de l’intime et conserveront toujours, même si c’est douloureux pour l’entourage, leur part de mystère.

Pourtant, ce suicide touche. Non seulement parce qu’il concerne un prêtre en vue, brillant, entreprenant. Mais aussi parce qu’on le savait en proie à des difficultés avec sa hiérarchie et profondément déstabilisé par des accusations qu’il vivait comme très injustes. Ce suicide nous touche aussi à La Croix, car nous lui avions donné la possibilité de s’exprimer dans une tribune, où il avait livré une analyse sans fard des difficultés de la gestion des prêtres dans un diocèse.

Le cri derrière l’acte tragique

Ce n’est pas le lieu, ici, de chercher les causes, d’accuser sa hiérarchie ou au contraire de relever telle ou telle fragilité psychologique personnelle. En revanche il y a un cri, derrière cet acte tragique, que nous devons être capables d’entendre. Le cri d’un prêtre, qui rejoint le profond malaise de nombreux autres dans l’Église de France aujourd’hui. N’est-il pas temps de nous interroger, collectivement, sur la manière dont nous traitons les prêtres dans notre Église ? Nous fêtons le héros le jour de son ordination, mais ensuite ? Personne ne se préoccupe de savoir comment ils sont soutenus et quelles structures de médiation sont prévues, autres que celles créées par le bon vouloir de l’évêque, qui fait office à la fois de « père » et de patron… Les prêtres ont-ils des temps pour souffler, un accompagnement psychologique, des possibilités de coaching ?

On parle beaucoup de la « grande démission », ce mouvement de fond qui touche les salariés des entreprises refusant de travailler sans voir le sens de leur tâche. Pour les prêtres, cette « grande démission » a commencé voilà bien cinquante ans, avec une chute drastique des vocations, sans que l’on s’en soucie vraiment. Les uns ont accusé le manque de foi : il faut plus prier ! Les autres l’absence de possibilité de mariage – à une époque où le mariage est de plus en plus déconsidéré ! Mais ne faudrait-il pas s’interroger plutôt sur les perspectives qui s’ouvrent devant eux ?

Indifférence coupable à l’égard des prêtres

La manière dont ils sont nommés dans une paroisse, souvent avec pas mal d’arbitraire, laisse perplexe. On ne gère plus les personnes aujourd’hui comme autrefois… Le seul modèle qui attire encore est celui du XIXe siècle, avec des prêtres très engagés mais selon un type d’Église rigide, hiérarchique, qui ne correspond plus à la réalité. Le concile Vatican II a beaucoup parlé des évêques et des laïcs. Mais très peu des prêtres. Benoît XVI avait décrété une « année du prêtre », mais en donnant comme modèle le saint curé d’Ars, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne rencontrait pas les mêmes problèmes que les prêtres d’aujourd’hui.

Car c’est bien là l’urgence. Notre indifférence à ce que vivent les prêtres est coupable car ils sont au premier rang de la crise très profonde de l’Église. Si la désaffection de la pratique et l’effacement du christianisme de la société sont durs pour nous tous, imaginons combien ils sont terribles pour le prêtre, qui incarne l’institution ! « Nous savons ce que nous sommes en train de perdre, mais nous ignorons ce que nous allons devenir », me confiait l’un d’eux.

La transition est violente, brutale. Beaucoup font preuve d’une grande créativité, mais d’autres s’épuisent. Qui peut affronter seul une telle crise sans vrai soutien de la communauté ? C’est une question qui nous concerne tous, et pas seulement les évêques. Le synode qui vient de se dérouler en France a donné lieu à d’intenses prises de parole. Mais à aucun moment il ne parle des prêtres, sauf pour les critiquer. D’ailleurs, ces derniers n’y ont que peu participé. Un silence significatif. Et inquiétant.

Mort de François de Foucauld : le cri d’un prêtrechronique Isabelle De Gaulmyn rédactrice en chef

https://www.la-croix.com/Debats/Le-cri-dun-pretre-2022-07...

01/07/2022

UNE INTERPELLATION

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« Le fait qu’un grand pays ayant une longue tradition démocratique ait changé sa position sur cette question interpelle le monde entier. » C’est par ces mots que les autorités catholiques, au Vatican, commentent la décision de la Cour suprême des États-Unis de révoquer l’arrêt Roe vs Wade, qui, depuis 1973, assurait la légalité de l’avortement sur l’ensemble du territoire américain. Désormais, chacun des États de l’Union peut déterminer sa politique en la matière, jusqu’à choisir l’interdiction absolue. Quelques heures après la décision de la Cour, treize États l’avaient interdit et treize autres en prenaient le chemin.

Le Vatican a raison sur un point, c’est que cette décision interpelle, et en premier lieu, la démocratie. En effet, les juges de la Cour suprême des États-Unis ne représentent pas directement la nation. Ils sont normalement là pour protéger les droits constitutionnels des citoyens et citoyennes. C’est précisément là que le bât blesse. Écrite à la fin du XVIIIe siècle et amendée principalement au début du XIXe, la Constitution ne connaît pas « les citoyennes », lesquelles n’obtiennent le droit de vote que par la ratification du dix-neuvième amendement en 1920.

Dès lors, une lecture fondamentaliste et littéraliste permet aux juges de prétendre que le droit des femmes sur leur propre corps n’est pas garanti par la Constitution. Et ceci en dépit de cinq décennies de légalité de l’avortement et du soutien très majoritaire de l’opinion publique à l’arrêt Roe vs Wade.

Une petite minorité, riche, militante et agissante a donc eu raison, contre la majorité et la santé des femmes, surtout celles des femmes pauvres qui ne pourront pas aller avorter dans un autre État. Pauvres et… noires, intersection des malheurs.

Ne soyons pas dupes ; la question n’est pas celle du respect de la vie, contrairement à ce que le Vatican voudrait faire croire. La Cour suprême en a d’ailleurs fait la preuve, la veille, en interdisant aux États de restreindre le droit du port d’arme. Ce qui est en question, c’est le corps des femmes et le droit que les hommes s’arrogent de le soumettre et de le contrôler. Ici, il n’est pas question de morale, mais de politique. Et, si on soulève le voile prétendument pudique du respect de la vie, on trouve la grande peur , celle d’un grand remplacement, d’une guerre des ventres gagnée par les « autres » – Noirs, métis, musulmans. De quoi, en effet, être interpellés.

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Photo : Ted Eytan (CC BY-SA 2.0)

28/06/2022

LA MISSION DE FRANCE AUJOURD'HUI AVEC HERVE GIRAUD PRELAT

LA VIE DES DIOCESES - Emission de KTO

C'est un diocèse pas comme les autres que nous vous faisons découvrir cette semaine. Un diocèse "en sortie", avec des prêtres, des diacres et des laïcs envoyés dans le monde du travail, en milieu urbain et en zone rurale, pour témoigner de leur foi.

Voici le reportage vidéo de KTO

https://youtu.be/b0oiERVCqHg

 

24/06/2022

LE GRAND BAZAR

Publié le 

On fait mine de s’étonner d’un résultat électoral pourtant prévisible, pour peu que l’on ait écouté ce que les précédents scrutins et les études d’opinion disent avec une parfaite constance depuis des mois. Chacun s’accordera à reconnaître que, si Emmanuel Macron a été réélu, c’est par désaveu de la concurrence bien plus que par adhésion à sa personne ou à son programme, celui de la raison libérale, du pragmatisme économique, d’un néocolbertisme jacobin, d’une écologie des très petits pas – sa seule conviction forte étant celle de la nécessité de la dimension européenne. Bref, rien qui fasse rêver.

Dès sa réélection, les études ont montré qu’une majorité de Français et de Françaises (60 %) souhaitaient voir arriver à l’Assemblée nationale une modération à la politique présidentielle. Dans le même temps, la dame aux chats continuait de ronronner doucement, forte de ses treize millions de suffrages du second tour, faisant la chattemite, toute parée de modestie. En face, la Nupes rugissante quittait sa robe de tortue sagace pour enfiler le costume de la grenouille qui allait défaire le bœuf macroniste.

Et les Français et Françaises ont obtenu ce qu’ils voulaient ; tant par l’abstention que par leur vote, ils ont refusé la majorité au président, laissé la gauche à son étiage d’un quart de l’électorat, et envoyé quelque quatre-vingt-dix députés d’extrême droite à l’Assemblée pour qu’on n’oublie pas ce vote qui ne cesse de monter et devient – hélas – plus que banal, ordinaire.

Et maintenant, que faire ? La question se pose à tous les partis, pas seulement à celui du Président. Le monde politique français va-t-il être capable de trouver des accords, des compromis, des alliances – tout ce qu’on loue et envie dans les démocraties parlementaires voisines ? Il y a tout lieu de penser que non. Faudra-t-il persister à instaurer un scrutin proportionnel ? Se résigner au retour du fait majoritaire, ou le choisir ? Le grand chambardement commencé en 2017 connaît un nouveau rebondissement que le locataire de l’Élysée n’avait sûrement pas anticipé. Au milieu de tout ce bazar, il est une chose sur laquelle on peut parier sans grand risque ; on revotera avant un an d’ici. Reste à savoir si on le fera par temps clair ou sous avis de tempête.

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Photo : Faces Of The World (CC BY 2.0)